L’ambiance change dans les couloirs des entreprises sud-africaines. Pour la première fois depuis plusieurs mois, le moral des décideurs remonte nettement. C’est ce que révèle le dernier indice de confiance RMB/BER, produit par le groupe financier Rand Merchant Bank (RMB) et l’Office public de Recherches Économiques (BER), qui est passé de 39 à 44 points. La confiance auprès des gestionnaires de véhicule d’investissement a même atteint les 58 points.
« L’aspect positif majeur est que cette est généralisée. Même chez les entrepreneurs du bâtiment, le seul secteur à avoir reculé ce trimestre, le moral reste proche de sa moyenne à long terme. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un changement radical, c’est un tournant significatif dans la bonne direction », a expliqué Isaah Mhlanga, économiste en chef chez RMB.
Pour comprendre cet indicateur, il faut le considérer comme un baromètre où le chiffre 50 représente la neutralité : au-dessus, l’optimisme domine ; en dessous, c’est le pessimisme. Avec un score de 44, les pessimistes restent majoritaires, mais l’écart se resserre considérablement. Près de la moitié des sondés estime désormais que les conditions sont satisfaisantes, un rebond porté essentiellement par les usines et les commerçants, même si le secteur de la construction reste en retrait.
Ce reflux progressif du pessimisme s’explique par un environnement économique moins hostile. La Banque centrale a donné un coup de pouce en abaissant son taux directeur de 25 points de base (soit 0,25%). Concrètement, cette baisse allège le coût du crédit pour les entreprises et les ménages, facilitant ainsi l’investissement et la consommation. Parallèlement, l’économie a progressé de 0,5% au troisième trimestre, aidée par une monnaie locale — le rand — relativement stable et, surtout, par une de la fourniture d’électricité, point noir habituel de l’industrie locale.
Retour des capitaux
Au-delà des chiffres, c’est la politique qui rassure. La mise en place du Gouvernement d’Union Nationale (GNU) en 2024 est perçue par les analystes et les dirigeants d’entreprise comme un tournant stabilisateur. Selon la Chambre sud-africaine du commerce, cette nouvelle gouvernance a permis de sécuriser l’approvisionnement énergétique et d’apaiser les tensions.
L’image du pays à l’international en bénéficie directement : l’Afrique du Sud est sortie de la « liste grise » du GAFI (Groupe d’action financière), ce qui signifie qu’elle n’est plus considérée comme un pays à risque de blanchiment d’argent. Couplée à une meilleure note de l’agence de notation S&P, cette sortie réduite la « prime de risque », c’est-à-dire le surcoût que le pays devait payer pour emprunter sur les marchés mondiaux.
Ces signaux verts sont suivis par diverses catégories d’investisseurs au sein de l’Union européenne, premier partenaire commercial, avec 25% des biens fournis à l’Afrique du Sud et 24% des biens achetés à l’économie la plus diversifiée d’Afrique en 2024, selon les données du Centre mondial des informations sur le commerce.
Les investisseurs européens ont également profité de la sophistication du système financier sud-africain, réputé pour sa liquidité, comme en témoigne le nombre d’investisseurs boursiers détenteurs d’actions des sociétés cotées au Johannesburg Stock Exchange.
Cependant, l’économiste Isaah Mhlanga appelle à la mesure. Si la tendance est bonne, elle reste fragile. Pour que ce rebond technique se transforme en un cycle de croissance durable, le gouvernement devra faire de cette embellie un cycle de croissance durable : maintenir les réformes structurelles, maintenir la discipline budgétaire et garantir que les coupures de courant relèvent définitivement du passé.

