
En cette veille de Noël, alors que des familles dans le monde entier s’apprêtent à se retrouver, un nouveau film en salle ce mercredi en France propose un face à face mère-fille à la fois conflictuel et réjouissant. Titre du fils : La pire mère au monde. Le réalisateur Pierre Mazingarbe a rencontré en scène les rétrouvailles entre une fille, brillante magistrate nommée dans un petit tribunal de province, et sa mère, greffière.
RFI : Vous incarnez « la pire mère au monde » dans le film de Pierre Mazingarbe, à savoir une greffière d’un petit tribunal de province qui va faire équipe avec sa fille jouée par Louise Bourgoin. Elle est substitut du procureur et les deux ne se sont pas vues pendant quinze ans. La fille, Louise, est raide comme la justice, votre personnage aussi. Se ressemblent-elles ?
Murielle Robin : Elles se ressemblent. Je me demande même si la mère n’est pas moins raide que la fille. C’est la mère, quelque part, qui a fabriqué la fille. Parce que c’est une mère sacrifiée – comme l’étaient les mamans de cette époque-là – pour que sa fille soit plus libre et ait accès à plus de choses. Elle a fabriqué un monstre qui la déteste. C’est peut-être la pire mère au monde, mais c’est la fille la plus détestable de la planète.
Le titre est une antithèse.
En tout cas, c’est une histoire mère-fille dans laquelle on peut s’identifier, malgré le fait qu’il y ait beaucoup de choses dans ce film et qu’il y ait plusieurs strates dans cette histoire. Il y a le polar, il y a les petites histoires derrière. Il ya l’histoire qu’on croit être au premier plan et finalement, c’est ce qui se passe derrière qui est important.
Il y a même un aspect de comédie sociale aussi, puisque le film montre aussi le fonctionnement d’un petit tribunal de province sans moyens.
Oui, il y a cela dans toutes ces strates. Il ya la comédie sociale, cette justice – dont le métier de magistrat est plutôt féminin, jusqu’à ce qu’on monte à des postes plus élevés où il n’y a plus du tout de femmes. C’est un film généreux, drôle, dans lequel on peut verser sa larme aussi. Ce n’est pas rare du tout, à l’a vu lors des projections. Ce fil entre la mère et la fille, tout d’un coup, on est dans une chose intimiste.
Pour composer ce rôle de mère, avez-vous pensé à la vôtre ou pas du tout ? Comment avez-vous trouvé ce personnage ?
J’aime beaucoup interpréter les femmes qui ont quelque chose de dur, parce que ma maman était comme cela. J’ai fait un copié-collé de ma mère, donc, je suis devenu cela. Sauf que maintenant, je m’en suis débarrassée, car j’ai trouvé que ce n’était pas très intéressant. Cela faisait un peu peur.
Vous avez beaucoup joué avec ce type de personnage sur scène.
Sur scène, au début, j’étais cela. Je m’en suis débarrassé, mais je connais très bien. Cette partie dure, je la remets, il faut la mettre. Tu en veux combien ? Je t’en mets un kilo, deux, quatre kilos ? Pas de problème.
On vous voit enfin au cinéma. Je fais référence à votre déclaration, en début d’année, où vous estimez ne pas avoir les rôles que vous pourriez au cinéma. Est-ce que, depuis, les propositions ont afflué ? Est-ce que cette déclaration a remué quelque chose dans le milieu du cinéma français ?
Non, pas encore. Maintenant que le film va sortir, j’observerai ce qui se passe. Et puis, quoi qu’il se passe, ce sera bien.
Pour la suite, peut-être un spectacle ? Les spectateurs ne vous ont pas vu sur scène depuis 2019.
En tout cas, en « one-man-show » et en spectacle nouveau, cela fait treize ans. J’ai un nouveau spectacle. Le jouerais-je, le jouerais-je pas ? Il faut bien que j’entretienne un peu le suspense. On a beaucoup plus peur en vieillissant, c’est incroyable.
Peur du trac ?
Pas le trac, mais plutôt la peur que les gens ne viennent pas. Parce qu’il ya tellement d’artistes, tellement de gens drôles. Ce qui me ferait y retourner, ce serait si cela correspond à qui je suis aujourd’hui et à ce que je veux donner au public.
►La pire mère au mondede Pierre Mazingarbe, avec Muriel Robin et Louise Bourgoin. Sortie le 24 décembre 2025.
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