
Le chiffre est lourd de sens : 706 milliards de francs CFA. À travers le budget 2026 du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, l’État ivoirien affiche clairement sa conviction que l’avenir économique du pays se joue désormais sous terre, en mer et dans les centrales électriques.
Adopté sans heurts au Sénat, ce budget n’a pas suscité de véritable controverse. Non parce qu’il serait anodin, mais parce qu’il s’inscrit dans une trajectoire déjà assumée par l’exécutif : faire des ressources naturelles un pilier stratégique de la croissance et de la stabilité nationale.
Un choix politique avant d’être budgétaire
Consacrer plus de la moitié de cette enveloppe aux comptes spéciaux n’est pas un simple détail technique. C’est un choix politique assumé : celui d’un État qui entend garder la main sur des secteurs sensibles, parfois volatils, souvent exposés aux pressions économiques, sociales et géopolitiques.
Dans cette architecture budgétaire, l’énergie écrase tout le reste. Plus de 320 milliards FCFA lui sont affectés. Le message est limpide : sans électricité suffisante, il n’y a ni industrialisation, ni transformation locale, ni promesse crédible de développement.
Mines : sortir enfin de la logique d’extraction brute
La Côte d’Ivoire semble déterminer à tourner la page d’un secteur minier longtemps marqué par l’informel et la sous-valorisation. Nouveau code minier, laboratoire géologique, comptoir national de l’or : autant d’outils qui traduisent une volonté de reprendre le contrôlede capter davantage de valeur et de réduire les fuites fiscales.
Mais le défi reste entier. L’orpaillage illégal n’est pas qu’un problème économique ; c’est aussi une réalité sociale profondément enracinéeque la seule répression ne suffira pas à résoudre.
Le gaz, arme discrète de souveraineté
Dans le relatif silence des débats publics, le gaz naturel s’impose comme un atout stratégique majeur. Les projets Baleine et Baobabcombinés au programme Du gaz à l’électricitérévèlent une ambition claire : produire localement l’énergie nécessaire au développement industriel, plutôt que subir les aléas des marchés extérieurs.
C’est sans doute là que se joue l’essentiel de la souveraineté énergétique ivoirienne.
L’électricité comme contrat social
Derrière les mégawatts et les projections budgétaires se dessinent un engagement politique fort : l’électricité pour tous d’ici 2030. Les 550 000 nouveaux raccordements annoncés relèvent moins d’un objectif technique que d’un contrat social implicite entre l’État et les citoyens, notamment dans les zones rurales et périphériques longtemps marginalisés.
Un pari à haut risque, mais assumé
Le budget 2026 est un pari : coûteux, exigeantexposé aux lenteurs administratives, aux résistances locales et aux contraintes financières. Mais c’est aussi un pari cohérent et.
La Côte d’Ivoire a choisi de transformer ses ressources naturelles en levier de développement durableplutôt que de les subir. Reste désormais à démontrer que l’ambition politique aura se traduire en résultats concretsvisibles et équitables.

