MONTRÉAL — La deuxième moitié de 2025 pourrait s’avérer un moment charnière dans l’histoire du tennis au pays. En même temps, elle est l’enchaînement de performances canadiennes prometteuses sur les courts – surface dure, terre battue, gazon, peu importé – au fil des 15 dernières années.
Le dicton «petit train va loin» s’applique plutôt bien à Tennis Canada. Et avec six représentants dans le top-50 à la fin de 2025 – dont Gabriela Dabrowski, 10e en double – qui ne semblent pas sur le point de plafonner, ce petit train pourrait prendre de la vitesse en 2026.
Les représentants de l’Unifolié ont terminé 2025 avec 15 titres sur les deux grands circuits professionnels, neuf chez les dames, six chez les messieurs. Du lot, un triomphe ressort.
« Cette année, c’est sûr que le moment le plus fort, quant à moi, ç’a été ici, avec la victoire de Vicky Mboko », affirme Valérie Tétreault, directrice de l’Omnium Banque Nationale, en entrevue avec La Presse Canadienne dans son bureau du 2e étage au Stade IGA.
Cependant, des moments forts sur la scène du tennis canadien, il y en a eu beaucoup d’autres en 2025.
Félix Auger-Aliassime a fait plus que sa part avec trois titres, deux finales additionnelles, une présence en demi-finale aux Internationaux des États-Unis et une progression jusqu’au cinquième rang du classement de l’ATP, un sommet personnel.
N’eut été de l’exploit de Mboko à Montréal et de sa fulgurante ascension de la 333e place, en janvier, jusqu’au 18e échelon du classement mondial, les performances d’Auger-Aliassime auraient sans doute été le fait saillant de l’année chez Tennis Canada.
À cela, Mboko a ajouté un titre à son palmarès, à Hong Kong, en novembre. Leylah Annie Fernandez (22e) a gagné deux tournois, dont un de catégorie 500. Denis Shapovalov (23e) l’a imitée.
Il y a exactement un an, Gabriel Diallo occupe le 87e échelon ; il amorcera 2026 au 41e rang, aidé par un premier titre en carrière, en juin, sur gazon.
Tétreault savoure ce palmarès à cause, entre autres, de l’éventail de noms qu’il réunit.
« Dans les autres années, on avait un joueur qui performait bien, et souvent, c’était peut-être un peu plus difficile pour les autres. Là, sur une vraiment eu l’impression qu’à un moment donné, ils se relayaient tous », note Tétreault.
« On a eu Denis qui a gagné (à Los Cabos, le 19 juillet). Après, c’est Leylah qui gagne à Washington (le 27 juillet). Sur un Vicky qui gagne ici (le 7 août) et Félix, (qui excelle) tout de suite après l’US Open. C’étaient différents joueurs qui performaient au plus haut niveau », souligne-t-elle.
À cette liste, on peut ajouter les titres en double de Dabrowski à Cincinnati, un tournoi de l’envergure de Montréal, puis aux Internationaux des États-Unis trois semaines plus tard.
« De voir ça pour le tennis canadien, je pense que c’est ça qui me rend le plus fièrement. Je pense qu’on ne réalise pas à quel point il n’y a pas si longtemps, c’était tout nouveau quand Milos Raonic commençait à remporter des titres 250 de l’ATP », fait-elle remarquer.
Quand Raonic a battu Fernando Verdasco le 13 février 2011 lors de la finale du tournoi de San Jose pour le premier de ses huit titres en carrière, c’était la première fois qu’un triomphait canadien à un tournoi de l’ATP en simple depuis Greg Rusedski en avril 1995.
En 2014, le titre d’Eugénie Bouchard en Allemagne n’était que le deuxième par une Canadienne à un tournoi en simple en 26 ans.
Le temps de pareilles disettes semble révolu.
Depuis 2019, en simple seulement, des athlètes canadiens ont accumulé une vingtaine de titres. Auger-Aliassime en compte huit, en plus de 12 autres présences en finale de tournois.
Malgré toute la fierté qui l’habite, Tétreault n’est pas avant tout une surprise. Elle y voit l’éclosion de joueurs qui avaient déjà montré de belles aptitudes au niveau junior. Elle y voit aussi une dynamique qui s’apparente à une forme d’émulation.
« Mis à part, peut-être, Gabriel Diallo, que l’on a moins vu venir, les autres, déjà à un jeune âge, avaient pas mal tous été identifiés comme des espoirs, pas seulement du tennis canadien, mais des espoirs du tennis international. Je pense que c’était juste une question de temps avant qu’ils puissent éclore », souligne Tétreault.
« Mais après, je pense qu’il ya quand même quelque chose là-dedans comme une espèce de phénomène d’entraînement, dans le sens où de voir un joueur canadien connaître du succès, ça motive les autres. Puis là, on a l’impression, surviennent, de faire partie d’un mouvement », avance-t-elle.
Le triomphe inattendu de Mboko, par ailleurs, aura été le point d’exclamation à une autre édition réussie à Montréal, dans un contexte où, pour la première fois, le tableau principal s’étendait sur 12 jours et réunissait 96 joueuses en simple.
Et en plus, Dame Nature a grandement collaboré.
À la fin du tournoi, les organisateurs avaient accueilli 287 329 spectateurs, un record, bien évidemment, pour le volet féminin à Montréal.
« Autant il y avait beaucoup d’inconnus en attaquant le tournoi de cette année, plus que d’habitude, autant je pense qu’on peut se dire mission accomplie parce qu’on a vu un format qui fonctionnait bien », estime Tétreault.
« Ma plus grande inquiétude était plus du côté de l’accueil des joueuses, sachant qu’elles étaient à peu près le double de ce qu’on était habitués d’accueillir », ajoute Tétreault.
« On voulait s’assurer d’avoir l’espace nécessaire. La manière qu’on l’avait reconfiguré, et avec les résultats du sondage des joueuses et les commentaires qu’on a reçus de la WTA, je pense que ça a démontré que l’on avait fait ce qu’il fallait pour être prêts pour ça. »
En plus de révéler Mboko, l’Omnium Banque Nationale a offert la chance à Eugénie Bouchard d’évoluer sur le court de son enfance en lui offrant un laissez-passer au tableau principal.
Bouchard a remercié l’organisation en livrant deux solides performances, causant même beaucoup de fil à retour à la Suissesse Belinda Bencic, une joueuse de qualité, dans ce qui aura été le chant du cygne de la Montréalaise au tennis professionnel.

