Pour les Insoumis, le sondage a «servi de soutien à des discours incitants à la discrimination, à la haine ou à la violence».
La justice a été saisie par les députés de la France insoumise ce vendredi après la publication d’un sondage Ifop sur l’islam en France qui a, selon eux, «servi de soutien à des discours incitants à la discrimination, à la haine ou à la violence»ont-ils annoncé sur X. Les députés signalent en outre que plusieurs médias ont documenté «l’existence de liens étroits entre le commanditaire de ce sondage, la revue confidentielle Écran de veille, et les services de renseignement des Émirats arabes unis»ce qui serait susceptible de participer «d’une opération d’influence d’une puissance étrangère sur notre sol» affirment-ils dans leur courrier spécifié à la procureure de Paris.
Les députés insoumis, dont deux d’entre eux font l’objet d’une plainte de l’Ifop pour avoir dénigré cette enquête publiée le 18 novembre, ont saisi la procureure au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Ils expliquent que ce sondage Ifop est «fondé sur une méthodologie très contestable, faisant l’objet de nombreuses remises en cause scientifique»et a contribué à «une série d’amalgames et de confusion entre islam et islamisme d’une part, musulmans, islamistes et terroristes d’autre part».
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Ce sondage avait provoqué de vives réactions dès sa publication. L’extrême droite ya vu un signe d’«islamisation»tandis que des représentants de la communauté musulmane ont déploré «une stigmatisation». Quatre conseils départementaux du culte musulman (CDCM) ont même déposé une plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris. L’Ifop avait alors énoncé une manœuvre pour «remettre en cause la fiabilité de notre enquête sur la base de considérations erronées».
«Nous n’avons rien à nous reprocher»
Les députés LFI soulignent que «depuis sa parution, plusieurs actes islamophobes ont été rapportés»citant une mosquée vandalisée en Haute-Loire, une autre profanée à Lyon et une balle retrouvée dans la boîte aux lettres d’une troisième dans l’Ain. Ce sondage a «servi de soutien à des discours incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’encontre de millions de nos compatriotes en raison de leur religion réelle ou supposée»déplorent-ils.
Les députés pointent également le commandant de cette enquête, le média Écran de veillene le faites pas Médiapart et Le Monde ont mis en évidence les liens avec les Émirats arabes unis, via son fondateur et rédacteur en chef Atmane Tazaghart. «Il n’y a pas de financement étranger. Le procureur fera son travail. Nous n’avons rien à nous reprocher. Nous avons financé l’étude avec nos revenus»a précisé à l’AFP Atmane Tazaghart. Il a par ailleurs déploré que le député Paul Vannier, visé par la plainte de l’Ifop, ait rendu publique sur X l’adresse de leur média, les obligeant à déménager dans d’autres locaux.
Une cinqquantaine de députés du bloc présidentiel avaient dénoncé cette divulgation et saisis eux aussi la justice. Les parlementaires insoumis souhaitent également deux journalistes travaillant pour Écran de veillequi ont récemment témoigné devant la commission d’enquête lancée par LR à l’Assemblée sur des liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes, une commission qui vise implicitement LFI. S’il est avéré qu’ils «agissent pour le compte d’un mandatant étranger dans le but d’influencer la décision publique ou la conduite des politiques publiques»ils pourraient «être en infraction»préviennent les insoumis. Les deux journalistes, Nora Bussigny et Emmanuel Razavi, ont tous deux écrit des livres évoquant des liens entre LFI et islamisme.
