« Les géants de la tech souffrent d’un manque d’amour », car « de grands gestionnaires institutionnels ont annoncé récemment se séparer de leurs parts » dans ces entreprises, note Christine Romar, chez CMC Markets. Parmi ces grands noms, le fonds du milliardaire Peter Thiel et le titan des investissements technologiques SoftBank Group. « Les marchés se posent la question de la pertinence des investissements dans l’IA, et prennent leurs bénéfices après plusieurs mois de hausse », face à un « endettement des acteurs qui grimpe fortement », relève Enguerrand Artaz, stratège pour La Financière de l’Echiquier (LFDE).
Les géants de la tech en berne
Les titres des géants de la technologie ont atteint des niveaux stratosphériques en Bourse ces derniers mois, poussés par les espoirs que les investissements massifs dans l’intelligence artificielle ouvrent la voie à une révolution technologique et un nouveau cycle de croissance. Mais les investisseurs craignent désormais une « bulle » liée à la « circularité des investissements » et le risque de la constitution d’une économie en vase clos, sans lien avec le reste de l’économie, selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote. Résultat : la quasi-totalité des « Sept Magnifiques », qui tirent depuis plusieurs mois les marchés mondiaux, sont en recul, à l’image de Nvidia (-1,74 %), Microsoft (-2,99 %), Amazon (-3,02 %), Meta (-1,37 %), Tesla (-1,05 %) et Apple (-0,07 %). Seule Alphabet, maison mère de Google, prenait 0,53 %, les investisseurs saluant la nouvelle version de son outil d’IA, Gemini, dévoilée mardi. En Europe, Infineon a chuté de 4,06 % à Francfort, STMicroelectronics de 2,53 % et Soitec de 6,35 % à Paris et ASML de 1,23 % à Amsterdam.
Autre point de tension : la perspective de plus en plus probable d’une pause dans la politique de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), lors de sa prochaine réunion en décembre. Le rendement à dix ans de l’obligation américaine atteignait 4,13 %, au même niveau que la veille. En Europe, son équivalent allemand atteignait 2,71 %, stable elle aussi. Côté changement, le dollar prenait 0,10 % face à l’euro, à 1,1578 dollar pour un euro.
En attente de Nvidia
Dans ce contexte, tous les regards sont tournés vers les résultats mercredi du géant américain des puces Nvidia, tête de projet de la course à l’IA et première capitalisation boursière mondiale, à 4 534 milliards de dollars. « Les analystes anticipent un nouveau trimestre exceptionnel : environ 54 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit une croissance de 50-60 % sur un an », estime Ipek Ozkardeskaya. Comme à l’accoutumée, l’exigence sera de rigueur : « sur les cinq derniers trimestres, le cours a baissé trois fois malgré des résultats pourtant supérieurs aux attentes », rappelle Kathleen Brooks, de XTB. Mais « des résultats conformes aux attentes ou légèrement au-dessus pourraient rassurer les marchés », estime Enguerrand Artaz.

