PARIS | Pour l’ancien joueur de la LNH Pierre-Édouard Bellemare, les Jeux olympiques sont une histoire de famille : sa sœur ya participé en gymnastique, sa belle-mère en natation, et l’attaquant de l’équipe de France va enfin pouvoir y goûter à son tour, au crépuscule d’une riche carrière.
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«Moi, j’ai toujours eu ce rêve: je n’ai jamais rêvé de LNH, j’ai rêvé des JO», affirme Bellemare.
«Quand j’étais petit, tu n’avais pas le hockey à la télé. Donc moi, je voyais du hockey comme tout le monde, tous les quatre ans, aux JO. Tu avais un match ou un match et demi qui était coupé au milieu par du patinage artistique… Et donc moi, je rêvais des JO», explique-t-il avant un tournoi de préparation à Budapest, qui débute vendredi pour les Bleus.
Formé à Rouen, avec qui il a remporté deux fois la Ligue Magnus, parti tenter sa chance en Suède, où il a été aussi deux fois champion, Bellemare a connu une trajectoire qui a pris une tournure inattendue en 2014 quand les Flyers de Philadelphie lui ont fait découvrir la LNH, à presque 30 ans.
Durant 10 ans, l’attaquant a connu un parcours solide en Amérique du Nord, avec Philadelphie, Las Vegas, Colorado, Tampa et Seattle. Finaliste de la Coupe Stanley à deux reprises, il est finalement revenu en Europe à l’été 2024, où il a évolué en Ajoie, dans la ligue suisse.
Pierre-Édouard Bellemare dans l’uniforme du Kraken de Seattle en 2023. – Photo Getty Images via AFP
« Leader sur la glace »
À 40 ans, il dispute sa dernière saison, mais avec un niveau physique encore impressionnant pour son âge.
«Pour durer, j’ai une alimentation assez bizarre qui fait que je ne peux pas manger 80% de ce qui se trouve dans un magasin», explique le joueur qui s’astreint à une discipline de fer.
«Du coup, mon corps est vraiment très sain et le taux d’inflammation est tellement bas que je ne me lève pas le matin, comme beaucoup de joueurs avec 10 ans de moins, à me dire: «Ah j’ai mal ici, j’ai mal là…» Malgré les blessures et les cartilages qui manquent par-ci par-là, j’ai réussi à gérer tout ça et à revenir.»
Et depuis son retour en Europe, dans un cadre qui lui permet de mieux concilier vie familiale et sport de haut niveau, ce père de deux enfants a dû réapprendre un nouveau rôle, celui de leader de son équipe, qui joue beaucoup plus que dans la LNH, où il patinait 11 à 12 minutes par match dans un rôle plus défensif.
«Là, je suis rarement en dessous de 20 minutes, c’est un peu le temps de jeu que j’ai en sélection, donc c’est positif pour l’équipe de France, parce que je peux affûter ma façon de jouer du côté offensif», estime le joueur le plus expérimenté des Bleus.
« Mais d’un autre côté, c’est aussi un peu plus épuisant parce que j’ai un rôle qui est totalement différent. Je suis un leader dans le vestiaire, comme je l’ai été dans la LNH. Mais là, je dois aussi être un leader sur la glace.»
Pierre-Édouard Bellemare a affronté le Canadien le 28 décembre 2022 avec le Lightning de Tampa Bay. – PhotoAFP
Grand coeur
Et après que les Bleus ont manqué d’un rien leur qualification pour les Jeux à plusieurs reprises, « Pi-Ed » va enfin goûter aux JO, ultime gourmandise d’une carrière unique dans le paysage du hockey français.
«Je suis fier et honoré de pouvoir y aller. Mais je ne m’en rends pas encore compte», sourit l’attaquant aux 194 sélections.
Cependant, pour que le rêve ne vire pas au cauchemar, la France va devoir faire bonne figure contre trois adversaires de premier plan, soit le Canada, la Suisse et la Tchéquie.
«On n’est pas au niveau du foot, du basket ou du handball : pour nous, juste d’aller aux JO, c’est plus ou moins déjà une médaille d’or», souligne-t-il.
« Je pense qu’il faut qu’on reparte sur nos valeurs d’avant, qu’on joue comme des « chiens galeux ». On ne pourra pas faire un jeu égal contre ces équipes constituées à 90 ou 100% de joueurs de la LNH», avertit Bellemare.
«Mais il faut qu’on ait plus de volonté, qu’on travaille plus fort, qu’on ait le cœur bien plus gros, pour aller énerver ces adversaires-là. Et puis, en allant chercher peut-être une victoire, ça serait magnifique. Et là on récupérera un respect qu’on ne va pas nous donner.»

