(Agence Ecofin) – A la suite des récents changements à sa direction et de décisions prises par ses instances, l’Organisation des pays producteurs de pétrole africains entre dans une nouvelle phase. Celle-ci intervient dans un contexte énergétique africain marqué par des choix difficiles.
Élu début novembre 2025, lors de la 48ᵉ session du Conseil ministériel de l’Organisation des pays producteurs de pétrole africains (APPO), Farid Ghazali a pris, mercredi 17 décembre, ses fonctions de secrétaire général de l’organisation, lors d’une cérémonie de passation tenue à Brazzaville.
Au-delà du changement à la tête du secrétariat général de l’APPO, cette prise de fonction relance la question du rôle réel de l’institution dans la coordination énergétique entre des États producteurs aux stratégies largement nationales.
Organisation intergouvernementale, l’APPO réunit des États producteurs aux profils énergétiques et aux priorités économiques hétérogènes. Dans ce cadre, les orientations communes sont définies au niveau du Conseil ministériel, qui rassemble les ministres chargés des hydrocarbures des pays membres, tandis que le secrétariat général est chargé d’en assurer la mise en œuvre.
Dépourvue de tout pouvoir contraignant sur les politiques énergétiques nationales, cette architecture institutionnelle cantonne l’APPO à un rôle de coordination et de concertation entre États producteurs, fondée sur l’échange de positions, sans mécanisme formel permettant d’aligner ou de coordonner de manière contraignante les politiques énergétiques nationales. Cette limite institutionnelle se heurte aux décisions énergétiques arrêtées dans des cadres strictement nationaux.
Au Nigeria, les réformes du secteur pétrolier engagées en 2024-2025 ont notamment inclus l’ouverture d’un nouveau cycle de concessions et des mesures destinées à attirer les investissements offshore, avec plus de 5,5 milliards de dollars de décisions finales d’investissement annoncées dans les hydrocarbures en 2024, selon les autorités.
Cette approche se retrouve également en Angola, où la production pétrolière continue d’être pilotée au niveau national, avec une estimation de plus de 1,1 million de barils par jour sur les trois premiers trimestres de 2024, selon l’Agence nationale du pétrole (ANPG). Au Sénégal, la mise en production du champ offshore de Sangomar en juin 2024 a, de son côté, a marqué l’entrée effective du pays dans la production pétrolière.
Ces trajectoires, enjeux de contextes économiques distincts, montrent que les États excluent individuellement leurs stratégies d’exploitation et de développement des ressources, ce qui limite, de facto, la portée d’une coordination énergétique formalisée au sein d’une institution comme l’APPO.
Cette prise de fonction intervient alors que les pays producteurs africains font face à des enjeux énergétiques structurants, liés au financement des projets, au maintien des capacités de production et à la transition des systèmes énergétiques.
Dans ce contexte, l’APPO évolue aux côtés de nouveaux instruments continentaux, dont la Banque africaine de l’énergie, créée pour soutenir le financement des projets pétroliers et gaziers africains. La capacité de l’organisation à articuler son rôle de coordination avec ces initiatives constitue l’un des défis institutionnels posés au nouveau secrétariat général.
Abdel-Latif Boureima
Edité par MF Vahid Codjia
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