(Agence Ecofin) – La numérisation des services publics progresse en Afrique de l’Ouest, poussant les États de la CEDEAO envisagés à une approche coordonnée. L’objectif est de créer un cadre régional capable d’améliorer l’efficacité et l’accessibilité de l’administration.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) travaille actuellement à l’élaboration de sa première stratégie régionale d’e‑gouvernement. La semaine dernière, les responsables gouvernementaux, experts des TIC et partenaires techniques se sont réunis à Abuja afin d’examiner et de valider les grandes orientations de ce futur cadre commun.
La stratégie en préparation ambitionne de doter la région d’une infrastructure numérique publique interopérable, d’encadrer la gouvernance des données et de soutenir les États membres dans le développement de services administratifs modernisés. Elle prévoit également la mise en place de mécanismes communs de cybersécurité, ainsi que la coordination des politiques nationales jusque‑là fragmentées, dans le but d’offrir des services publics plus efficaces, transparents et accessibles.
Ce travail s’inscrit dans le cadre des initiatives de transformation numérique déjà engagées par la CEDEAO à travers des programmes régionaux comme le WARDIP, conçu pour accélérer l’intégration numérique en Afrique de l’Ouest. Il fait également écho aux objectifs définis dans la Vision 2050 de l’organisation, qui appelle à un espace communautaire connecté, résilient et fondé sur des institutions modernisées.
Il intervient surtout dans un contexte où les États de la CEDEAO multiplient les réformes numériques, avec l’e‑gouvernement comme priorité. Plusieurs pays se sont déjà dotés de stratégies nationales. Le Ghana a lancé des plateformes d’identification numérique de référence ; le Cap-Vert poursuit la consolidation de son administration électronique, considérée comme l’une des plus avancées de la région ; la Côte d’Ivoire mise sur des services administratifs en ligne centralisés ; le Sénégal développe progressivement un écosystème de services électroniques, soutenu par l’identifiant unique et l’interopérabilité. L’élaboration d’une stratégie régionale apparaît ainsi comme une étape naturelle pour coordonner et amplifier ces efforts.
Si elle est adoptée, cette stratégie pourrait améliorer considérablement l’efficacité des administrations publiques, favoriser la circulation sécurisée des données, renforcer la transparence et soutenir l’intégration régionale en permettant aux citoyens comme aux entreprises d’accéder plus facilement aux services publics, même au-delà des frontières nationales.
Selon le dernier rapport E‑Government Development Index 2024 publié par l’UN DESA, plusieurs pays membres de la CEDEAO figurent parmi les plus avancés du continent ouest‑africain en matière d’e‑gouvernement. Le Ghana se classe à la 108ᵉ place mondiale, suivi du Cap‑Vert (109ᵉ), de la Côte d’Ivoire (124ᵉ) et du Sénégal (135ᵉ). Ces performances témoignent d’une dynamique réelle au sein de la région et montrent que, malgré des niveaux d’avancement variables, les fondements nécessaires à une stratégie régionale commune sont déjà en place.
Samira Njoya
Edité par Sèna DB de Sodji
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