Face à une réputation ternie par les imitations et les produits à bas prix, Tiktok Shop veut attirer les vendeurs et acheteurs de pièces de luxe. Une stratégie qui commence déjà à porter ses fruits auprès de certaines boutiques spécialisées.
Des sacs à 11.000 dollars au milieu de contrefaçons et autres produits bas de gamme. Comme le rapport BloombergTiktok, via sa marketplace Tiktok Shop, s’intéresse désormais à la vente de produits de luxe.
En quelques clics, les internautes peuvent jeter leur dévolu sur des sacs à main Hermès et Chanel à 11.000 dollars ou des paniers rares en édition limitée issues de collaborations entre Louis Vuitton et Nike. La plateforme propose également des montres Rolex et Cartier. Le tout, vendu d’occasion.
Changer de réputation
L’objectif pour la plateforme de vidéos courtes? Se défaire de sa réputation de plateforme e-commerce bon marché et monter en gamme. L’entreprise souhaite transformer son service de shopping en une destination premium pour les utilisateurs.
Car depuis son lancement il ya deux ans aux Etats-Unis, et il ya huit mois en Francela place de marché fait plus de concurrence à Shein qu’à Chanel. En effet, les annonces de contrefaçons, d’imitations ou de produits bas de gamme pullulent sur le service. Pire, elles sont propulsées par l’algorithme. Plusieurs observateurs comparent même Tiktok Shop à des poids lourds des produits à bas prix comme Temu ou Aliexpress.
Si les annonces de seconde main séduisent les internautes, des géants du luxe comme Chanel pourraient se laisser convaincre par Tiktok Shop et finir par vendre directement sur cette plateforme. En effet, le service quelques arguments pour convaincre les géants du secteur. Il s’adresse directement à la Gen Z (1997-2012)principal moteur du marché de la revente de produits de luxe, selon les économistes. Les vidéos promotionnelles d’influenceurs, directement poussées dans le fil “Pour toi” des utilisateurs et les lives shopping génèrent également des ventes.
En parallèle, pour accélérer l’arrivée des produits de luxe et assurer les utilisateurs, l’algorithme du réseau est chargé d’évaluer l’authenticité de l’article. Tiktok exige également que les vendeurs fournissent un certificat d’authenticité délivré par une société agréée dans les 24 heures suivant la réception d’une commande afin d’éviter qu’elle ne soit automatiquement annulée.
Et les premiers résultats semblent déjà au rendez-vous. C’est le cas pour 17th Street, une boutique new-yorkaise de luxe d’occasion. L’entreprise a rejoint Tiktok Shop juste avant les fêtes de fin d’année. Elle s’appuie sur des outils d’authentification basés sur l’IA pour garantir l’authenticité des produits, et les différencier des produits bas de gamme. Avec succès.
Selon Olivia Sperduto, responsable des réseaux sociaux de la boutique, près de 1.000 sacs de créateurs ont été vendus via Tiktok, notamment les sacs Kelly et Birkin de chez Hermès. Au total, près d’un tiers des bénéfices proviennent désormais de Tiktok, malgré les 8% de commission prélevés par le réseau social sur chaque vente.
Le commerce en ligne, une priorité
“Compte tenu de l’image qu’on se faisait auparavant de Tiktok, perçu comme un simple magasin à un euro, c’est tout simplement phénoménal”, observe, pour Fashion Network, Vidyuth Srinivasan, PDG et cofondateur d’Entrupy, qui fournit aux revendeurs de luxe sur Tiktok Shop une technologie d’IA permettant d’authentifier leurs sacs à main et leurs paniers. “Il y a un an et demi, on n’aurait jamais imaginé un tel engouement.”
Ces dernières années, Tiktok a fait du commerce en ligne une de ses priorités. Tiktok Shop est déjà présent dans une quinzaine de pays à travers le monde, dont l’Espagne, le Royaume-Uni, la Chine ou les Etats-Unis. Fin mars, la plateforme a attaqué de nouveaux marchés, dont la France, l’Italie et l’Allemagne. Au total, plus de 15 millions de vendeurs opèrent à travers cet écosystème.
Pour tenter de fournir un écrin prestigieux aux petits créateurs et marques de luxe, Tiktok tente par tous les moyens de modérer son service d’e-commerce. Au cours du premier semestre de cette année, elle a rejeté les candidatures de 1,4 million de vendeurs potentiels qui ne répondaient pas aux normes du service et plus de 70 millions de fiches produits avant leur mise en ligne, selon un rapport sur la sécurité de Tiktok Shop publié ce mois-ci. Elle a également supprimé plus de 200.000 produits “soumis à des restrictions” ou interdits après leur mise en ligne. Force est de constater que, pour l’instant, ces efforts sont loin de porter leurs fruits.



