Comme s’il n’avait pas été assez compliqué de ramener les joueurs de la LNH aux Jeux olympiques, voilà que le dossier du principal aréna des sites de Milan-Cortina d’Ampezzo a pris des allures de saga, dans les derniers mois.
Sera-t-il prêt à temps, l’aréna Santagiulia, un amphithéâtre doté de 16 000 places et construit au coût de 292 M$ dans le sud de la ville ?
C’est la question qui se pose à deux mois des Jeux, avant même qu’on puisse se demander si Lane Hutson a sa place au sein de l’équipe américaine ou si le Canada est le grand favori pour remporter la médaille d’or.
Illustration tirée du site Olympic.ca
Il y a un an, déjà, les retardataires de construction commençaient à inquiéter la Ligue nationale de hockey. C’est qu’à Milan, l’aréna Santagiulia sera celui où seront disputés les principaux matchs des Jeux, y compris les finales masculines, le 22 février, et féminines, le 19.
Les autres rencontres seront jouées à l’aréna Rho Fiera, en banlieue de Milan.
La pression monte
L’échéancier était ambitieux et la construction à pris du retard. L’inquiétude a monté d’un crâne dans les dernières semaines. L’aréna, dont la construction, amorcée en 2023, devait accueillir une épreuve test en décembre.
Celle-ci a été déplacée et c’est finalement des matchs du championnat italien qui serviront, du 9 au 11 janvier, à inaugurer le nouvel amphithéâtre, dont la construction a été confiée à la compagnie privée Risanamento.
On comprend donc que le comité organisateur est engagé dans un contre-la-montre dans lequel les secondes s’écoulent très vite.
Car la présence des meilleurs hockeyeurs de la planète est attendue avec impatience, surtout en Amérique du Nord.
Ils avaient fait l’impasse sur les Jeux de Pyeongchang et de Pékin, en 2018 et en 2022, pour plusieurs raisons : le voyage, le décalage horaire, les assurances, la compensation financière et dans le cas de la dernière édition, la COVID-19.
C’est d’ailleurs seulement cet été que la ligue a confirmé qu’elle enverrait ses joueurs en Italie. Mais comme vous le verrez plus bas, celle-ci a menacé de se retirer si des problèmes subsistent à Sangiulia.
Nous voilà donc plongés dans une saga, que nous vous détaillons ici. Une saga comme en récente souvent les préparatifs pour les JO
Et pendant ce temps, à Milan, la pression monte et les organisateurs tentent de calmer le jeu. On assure que 580 personnes travaillent jour et nuit pour que l’aréna soit prêt et qu’il sera livré en janvier.
Pas de plan B pour le hockey à Milan
Si l’aréna Santagiulia doit absolument être prête à temps, c’est qu’il «n’existe pas de plan B» pour le hockey à Milan, a soulevé le chef des opérations des Jeux, Andrea Francisi, en entrevue à l’Associated Press, le week-end dernier.
«Nous devons être en mesure d’organiser les compétitions de manière impeccable à Santagiulia», at-il ajouté.
Habituellement, rappelle l’agence de presse, les sites qui accueillent les compétitions olympiques doivent être testés un avant l’ouverture des Jeux.
Le cas de l’aréna Santagiulia est particulier : un amphithéâtre, ce n’est pas qu’une patinoire entourée d’estrades.
Il faut aussi que les concessions alimentaires et les salles de bain, par exemple, soient mises à l’épreuve pour s’assurer de leur bon fonctionnement pendant les Jeux.
Si l’amphithéâtre n’est pas prêt, nous n’irons pas, affirme la LNH
De son côté, la LNH s’impatiente. Bien au fait du retard dans la construction de l’aréna, le bras droit du commissaire Gary Bettman, Bill Daly, a déclaré cette semaine que «si l’amphithéâtre n’est pas terminé, les joueurs de la LNH n’iront pas aux Olympiques».
M. Daly avait préalablement été consulté par un journaliste du site Daily Faceoff sur le pourcentage de chances que les hockeyeurs du meilleur circuit au monde ne participent pas aux Jeux.
«Ça dépend du pourcentage de chances que vous accordez à la possibilité que l’amphithéâtre ne soit pas complété», a répondu Bill Daly.
Il y a un an que les délais de construction inquiètent la ligue. Le mois dernier, l’informateur de TVA Sports Renaud Lavoie parlait encore d’un «niveau d’inquiétude élevée».
Et la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) s’inquiète également. Déjà qu’il n’était pas simple de rapatrier les hockeyeurs de la LNH, comme on le mentionnait plus haut, son patron, le Québécois Luc Tardif, estimait à la fin novembre que les «installations n’étaient pas à la hauteur».
«Les patinoires seront temporaires: nous n’aurons pas les tests ni le temps suffisant pour nous adapter en cas de problèmes techniques, ce qui nous préoccupe», at-il regretté, en entrevue avec Radio-Canada.
Tant la LNH que la FIHG ont visité les installations dans les dernières semaines.
Une patinoire… trop petite
Non seulement les délais de construction pour la nouvelle aréna de Milan n’ont pas été respectés, mais la glace sera aussi plus petite que ce à quoi sont habitués les joueurs de la LNH.
Dans les 32 amphithéâtres du circuit Bettman, les hockeyeurs évoluent sur des patinoires de 200 pieds sur 85 pieds.
Celle sur laquelle ils patineront lors des principaux matchs, à l’aréna Santagiulia, mesure plutôt 196,85 pieds sur 85,3 pieds, soit environ trois pieds de moins, a rapporté ESPN, mardi dernier.
La situation est risible : après tout, les organisateurs ont eu des années pour se conformer aux normes du circuit, alors que le retour des joueurs de la LNH aux Jeux était anticipé depuis un moment.
Mais elle n’est pas dangereuse, estime un joueur qui a parlé à ESPN sous le couvert de l’anonymat. «Avec le talent qu’il y aura sur la glace, on n’aura déjà pas de temps ni d’espace», a soulevé ce dernier.
Pour combler l’écart, il est envisagé de réduire légèrement l’espace dans la zone neutre.

