Avec l’adoption de la Politique intégrée des ressources minérales et de l’énergie (PIRME), la Côte d’Ivoire ambitionne de faire des secteurs minier et énergétique de véritables moteurs durables de croissance. Dotée de 38 000 milliards FCFA, soit environ 58 milliards d’euros sur quinze ans, cette stratégie vise à renforcer la valorisation locale des ressources naturelles, à accélérer la transition énergétique et à accroître la contribution de ces secteurs à l’économie nationale à l’horizon 2030.
Adoptée début décembre 2025, la PIRME s’inscrit dans la vision du pays de rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Elle entend améliorer la coordination entre l’exploration, la production, la transformation locale, le contenu national et la transition énergétique, afin d’augmenter la contribution des mines et de l’énergie au PIB, aux exportations et aux recettes publiques, tout en sécurisant l’approvisionnement énergétique.
Selon les autorités ivoiriennes, la politique prévoit « l’augmentation de la production de minéraux et d’hydrocarbures pour soutenir la création de richesse », ainsi que la promotion de la transformation locale afin d’augmenter la valeur ajoutée et d’intégrer davantage les nationaux dans la chaîne de valeur. Elle prévoit également le développement de la production d’électricité, notamment par l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, afin de garantir un accès universel à une énergie abordable et fiable.
Un potentiel minier et énergétique en pleine montée en puissance
Riche en or, diamants, manganèse, nickel, bauxite, fer, coltan et lithium, la Côte d’Ivoire dispose d’un sous-sol diversifié encore largement sous-exploité. Le secteur minier ne représente actuellement qu’environ 5 % du PIB, révélant un fort potentiel de croissance. La production aurifère, pilier du secteur, a atteint 58 tonnes en 2024, avec un objectif de 100 tonnes par an d’ici 2030, portée par de nouveaux projets industriels et l’octroi de permis à des acteurs majeurs et juniors.
Dans les hydrocarbures, les découvertes offshore Baleine et Calao renforcent les ambitions du gouvernement, qui vise une production proche de 500 000 barils par jour à l’horizon 2035, repositionnant la Côte d’Ivoire sur la carte énergétique régionale.
Parallèlement, le pays accélère dans les énergies renouvelables. La mise en service de la centrale solaire de Boundiali (37,5 MW) illustre cette dynamique, avec pour objectif de porter la part du renouvelable à 45 % du mix électrique d’ici 2030, contre environ 8 % actuellement.
Investissements, fiscalité et attractivité s’accroissent
Ce potentiel attire déjà d’importants investissements et favorise le développement de partenariats public-privé. Dans le secteur de l’électricité, l’opérateur public CI-Energies estime à plus de 6,8 milliards d’euros les besoins d’investissement sur la décennie en cours, couvrant la production et les réseaux. Des bailleurs internationaux, dont la KfW allemande et l’Union européenne, accompagnent déjà certains projets structurants.
Dans les hydrocarbures, des groupes internationaux jouent un rôle clé. L’italien Eni, principal opérateur du champ Baleine, s’est engagé dans des investissements majeurs pour le développement du gisement. Dans le solaire et le stockage, des acteurs comme Saft (filiale de TotalEnergies) participent aux projets de batteries, tandis que des groupes européens, dont Eiffage, interviennent sur des infrastructures énergétiques.
Sur le plan fiscal, l’État mise sur l’élargissement de l’assiette et l’augmentation des volumes pour accroître les recettes issues des secteurs extractifs, est passé de 51,7 millions d’euros en 2016 à 501 millions d’euros en 2023. La Côte d’Ivoire bénéficie par ailleurs d’une bonne perception auprès des investisseurs, portée par une stabilité macroéconomique relative, un cadre réglementaire Lisible et une stratégie axée sur la transformation locale.
Le 13 décembre 2025, l’agence Fitch Ratings a d’ailleurs relevé la note de défaut émise à long terme du pays à BB, avec perspective stable, confirmant la Côte d’Ivoire parmi les meilleurs profils de crédit d’Afrique subsaharienne.
Par Moutiou Adjibi Nourou – Agence Ecofin

