Avec Donald Trump comme allié, le MMA frappe à la porte des JO
Les arts martiaux mixtes veulent leur ticket olympique. Mais ce sport ultraspectaculaire peut-il vraiment s’accorder avec l’esprit des Jeux ?
Le MMA ne laisse personne indifférent. Il remplit des salles, comme ici à Las Vegas, lors d’un combat opposant le Géorgien Merab Dvalishvili et le Russe Petr Yan.
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- Le MMA aspire à devenir olympique en adaptant ses règles violentes.
- Ce sport compte plus de 700 millions de fans à travers le monde.
- Le CIO exige une gouvernance unifiée et le respect de critères stricts.
Selon vous, quel sport serait le candidat idéal pour ne jamais entrer aux Jeux olympiques ? Celui qui coche le plus de cas est certainement le MMA.
On ne vous a pas fait les présentations ? Le Arts martiaux mixtes (arts martiaux mixtes) est un sport de combat qui associe des disciplines telles que la boxe, le jiu-jitsu ou la lutte. Jusque-là, rien à redire. Sauf qu’au MMA, tous les coups – ou presque – sont permis. On a le droit de frapper avec les poings, les coudes, les genoux, les pieds. Et cela même lorsque l’adversaire se trouve au sol.
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Les combattants n’ont en revanche pas le droit de cracher, de s’attaquer aux organes génitaux, de mordre, de mettre les doigts dans les yeux de l’autre ou de lui tirer les cheveux. Les coups à la colonne vertébrale comme les «coups de boule» sont eux aussi interdits. Encore un détail : les adversaires sont enfermés dans une cage octogonale.
Les arguments qui valident une participation du MMA aux JO
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Héritage antique : l’un des arguments pour une adhésion aux JO est que ce sport ressemble beaucoup au pancrace, un sport de combat grec des Jeux olympiques antiques. Comme le MMA, le pancrace (qui existe toujours) utilise plusieurs méthodes de combat, avec des percussions et des préhensions. Alors pourquoi pas un retour aux sources ?
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Succès populaire : l’argument qui pèse le plus dans la balance est le nombre d’adeptes de ce sport. Le MMA revendique plus de 700 millions de fans dans le monde. Il a fait connaître des athlètes tels que Conor McGregor ou Khabib Nurmagomedov, des champions qui ont accumulé des dizaines de millions de gains.
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Un soutien politique : Donald Trump J’adore le MMA. Durant sa campagne électorale, il a bénéficié du soutien de Dana White, président de l’UFC (Ultimate Fighting Championship). «Le 14 juin, nous organisons une soirée avec tous les plus grands champions», a claironné le président des États-Unis. Cet événement aura lieu dans les jardins de la Maison-Blanche devant 6000 personnes, en pleine Coupe du monde de foot. Des écrans géants permettant à plus de 100’000 personnes de voir les combats des plus grands champions de ce sport. «Chaque combat sera une affiche légendaire», promet le Républicain, qui fêtera ce jour-là ses 80 printemps.
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Test concluant : le MMA a connu une première vitrine dans des Jeux internationaux en 2025 avec la participation de ce sport aux Jeux asiatiques de la Jeunesse. Un tremplin qui l’amènera directement aux Jeux asiatiques de 2026.
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Changements fondamentaux : pour offrir une chance olympique à ce sport, ses dirigeants ont opté pour une adaptation de ses règles. Ainsi, la cage disparaît. Fini les coups de pied ou de genou à la tête de l’adversaire si celui-ci a une partie du corps au sol : on rend ce sport plus «humain». Suffisant pour plaire au CIO? Dénaturer les fondamentaux pour faire les yeux doux aux instances olympiques : voilà qui ne va pas plaire aux puristes.
Ce sport se conjugue aussi au féminin. Les Américaines Angela Hill (à gauche) et Fatima Kline en sont un exemple concret.
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«Pratiquer ce sport sans cage, ce n’est pas du MMA», a d’ailleurs confié Bertrand Amoussou, aux «Francs Jeux», média du sport international. Et le membre du verratd et responsable du pôle Europe de l’IMMAF (International Mixed Martial Arts Federation) de poursuivre : « C’est une tentative de s’approprier une discipline qui marche bien. Tu peux participer aux Jeux asiatiques, avoir un accord avec l’organisation de cet événement, mais ça ne veut pas dire que le CIO te reconnaît. Même nous, on ne dit pas qu’on sera aux JO en 2032, parce que ça ne voudrait rien dire. Il y a tout un protocole. (…) Mais on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs.»
Les obstacles que le MMA va rencontrer
La voie vers les Jeux olympiques est-elle dès lors de tout tracé pour le MMA ? Pas si sûr. Jean-Laurent Bourquin, directeur d’Advisport, une société de conseil et de gestion dans le sport, voit apparaître plusieurs obstacles.
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Trop de sports de combat : le spécialiste pointe du doigt le nombre élevé de ce type de disciplines au programme olympique. Il y a déjà la boxe, le taekwondo, le judo ou la lutte. Pour illustrer le propos, le karaté n’a connu qu’une édition des JO, à Tokyo 2020. «Le CIO recherche de la diversité, rappelle Jean-Laurent Bourquin. Les derniers sports arrivés, comme l’escalade, le breakdance ou le skateboard n’avaient pas de concurrence. Ils remplissaient une nouvelle affaire.»
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Pas de reconnaissance : celui qui a permis au breakdance de figurer au programme de Paris 2024 relève un autre souci, à savoir que le MMA n’est pas (encore) reconnu par le CIO. Ce qui le place pour l’instant derrière d’autres candidats tels que le karaté, le muay-thaï (boxe thaïlandaise) ou le sumo, qui ont l’avantage d’avoir déjà reçu cette reconnaissance.
Jean-Laurent Bourquin avait permis au breakdance de faire son entrée au programme olympique, à Paris 2024.
BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO
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Répondre aux critères : « Il s’agit de la première étape à franchir. Faire partie de la liste des 36 ou 38 sports qui se trouvent dans la salle d’attente, explique Jean-Laurent Bourquin. Ces sports remplissent les critères du CIO. Avant de parler de Jeux, la prochaine étape est d’être en phase avec la cinqquantaine de critères imposés par le CIO. Comme respecter les règles antidopage, reconnaître le TAS en cas de litige, remplir des règles strictes au niveau de la santé et de la sécurité des athlètes.»
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Du flou dans la gouvernance : actuellement, la gouvernance du MMA semble éclatée. Trois fédérations jouent des coudes pour diriger ce sport aux juteux revenus. On retrouve la FIMMA, l’IMMAF et GAMMA. L’IMMAF semble être en pole position. «Elle correspond plus aux critères du CIO, puisqu’elle compte déjà 132 fédérations nationales, et elle est en phase avec les règles de l’Agence mondiale antidopage», estime Jean-Laurent Bourquin. Comme le CIO ne parle qu’avec un seul interlocuteur, le MMA aurait tout intérêt à mettre un peu d’ordre dans sa gouvernance.
Quel horizon pour un MMA olympique ?
En faisant tout juste et en alignant les étoiles, comme Conor McGregor aligne les uppercuts sur ses adversaires, quand pourrait-on voir le MMA aux Jeux ? Assurément pas en 2028 à Los Angeles, puisque le programme est déjà connu. Brisbane 2032 ou ceux de 2036 ? Peu probable. « L’horizon est encore assez lointain. Il a peu de chance d’y parvenir dans la prochaine décennie», estime le CEO d’Advisport.
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