Dans son dernier roman, l’autrice Hala Moughanie revient sur l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020.
C’était en 2020, il ya un peu plus de 5 ans, une explosion ravageait le port de Beyrouth et une fête de la capitale libanaise. Bilan : 235 morts, 6 500 blessés, 77 000 bâtiments détruits ou endommagés.
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Le roman se passe sur 5 jours : du 4 août, jour de l’explosion, jusqu’au 8 août, date de la première manifestation pendant laquelle les Libanais manifestent leur colère. Les autorités parlaient alors de «négligence».
L’autrice se trouvait à quelques kilomètres de la capitale ce jour-là, elle a entendu la déflagration. Ce qui a fait la particularité de ce moment-là, c’est son côté très soudain. Chacun vaquait à ses affaires. Aujourd’hui, il n’y a ni vérité, ni responsable dans cette affaire. «Elle a souhaité écrire ce texte immédiatement après ces événements, ce qui lui confère selon elle une valeur de témoignage historique».
On ne peut pas être Libanais sans perdre quelque chose en chemin.
Les événements sont racontés du point de vue d’un épicier, un survivant ; il habitait dans le périmètre qui a été soufflé, mais avait fermé sa boutique plus tôt ce jour-là… Le narrateur est persuadé d’avoir entendu des avions rafales ou F16, les «bestioles» qui donnent le titre au livre, survoler le port.
Hala Moughanie avait du cœur à ancrer la fiction dans une réalité quasiment intangible. Je cherche l’exactitude dans les faits, mais aussi de l’exactitude du ressenti et de l’émotion. Malgré la gravité du sujet, l’auteur parsème son roman d’ironie, de cynisme et d’humour noir. Utiliser ces formes d’humour m’a permis de mettre de la distance et de dire des choses vraies de manière très brutale que le sérieux ne permettra pas.
Invité : l’autrice Hala Moughanie est née en 1980 à Beyrouth. De 1990 à 2003, elle vient à Paris et suit des études de littérature à La Sorbonne. En 2003, elle décide de retourner vivre au Liban, où elle enseigne et travaille comme journaliste. Elle se passionne pour le travail de mémoire dans une société post-guerre. Autrice de roman, elle écrit également des pièces de théâtre dont Tais-toi et creuse quiobtenir le Prix RFI Théâtre en 2015. Son dernier roman, Les bestioles a été publié aux éditions Elyzad. Il a remporté le Prix France Liban.
Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décryptez les expressions de la langue française ! Alors, on se tient à carreaux et on écoute bien !
Une chronique enregistrée avec Géraldine Moinard des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l’École élémentaire Vulpian à Paris !
Programmation musicale :
L’artiste libanaise Yasmine Hamdan avec le titre Hon extrait de l’album Je me souviens, j’oublie.


