AA / Istanbul / Ayse Bashoruz
La Journée internationale de la solidarité humaine, instaurée en 2005 par les Nations Unies, est l’occasion de rappeler l’importance de la coopération internationale face aux défis communs. La solidarité se concrétise notamment à travers l’aide publique au développement (APD), qui soutient de nombreux projets dans des domaines tels que la santé, l’éducation ou la lutte contre le changement climatique.
En 2024, les pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont fourni 212,1 milliards de dollars d’APD, soit une baisse de 7,1 % par rapport à l’année précédente après cinq années consécutives de croissance. Parmi les contributeurs, seuls quelques pays ont atteint ou dépassé l’objectif fixé par les Nations unies de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’APD, la Norvège (1,02 %), le Luxembourg (1,00 %) et la Suède (0,79 %) d’après l’OCDE. À l’échelle internationale, les principaux contributeurs sont les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
En 2024, la France a fourni environ 15,4 milliards de dollars d’APD, soit 0,48 % de son revenu national brut (RNB), ce qui la place au 6ᵉ rang mondial en termes de volume d’APD parmi les pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) selon l’OCDE. L’APD française se concentre principalement sur le continent africain, qui reçoit environ 40 % de cette aide, afin de soutenir des projets de santé, d’éducation et de gouvernance, selon les données officielles de l’État.
La Turquie occupe une place importante dans la coopération internationale. En 2024, le pays figurait parmi les dix principaux fournisseurs bilatéraux d’aide au développement, avec une APD estimée à 7,4 milliards de dollars, soit environ 0,56 % de son revenu national brut selon des données de l’OCDE.
– Solidarité ou humanitaire ?
Il est essentiel de distinguer la solidarité et l’action humanitaire. L’humanitaire répond à des besoins d’urgence, souvent dans des contextes de crise tels que les conflits armés, les famines ou les catastrophes naturelles. À l’inverse, la solidarité repose sur des actions de long terme visant à accompagner les pays dans leur développement durable.
« L’humanitaire, c’est l’action d’urgence pour sauver des vies sur le moment, tandis que la solidarité s’inscrit dans la durée, avec des projets de deux ou trois ans », explique Laetitia Craig, directrice de l’association de solidarité internationale LifeTime Projects, basée à Strasbourg.
Elle souligne que cette approche vise à renforcer l’autonomie des populations locales : « C’est un peu la différence entre donner du poisson et apprendre à pêcher, afin que les communautés puissent devenir autonomes par la suite. »
– La solidarité humaine : des projets encrés dans la durée
La solidarité internationale se manifeste par des initiatives à long terme visant à améliorer l’accès à l’éducation, à la santé, à l’insertion sociale et à la protection de l’environnement. Ces projets sont souvent menés en partenariat avec des acteurs locaux.
En France, LifeTime Projects illustre cette approche de solidarité à long terme à travers des projets axés sur l’éducation, l’insertion professionnelle et le développement durable. L’association intervient en collaboration avec des acteurs locaux afin de construire des solutions adaptées aux besoins des communautés, « Nous travaillons uniquement avec des populations locales, car ce sont elles qui connaissent le mieux leur territoire et les besoins de leur communauté », précise la directrice.
À l’international, l’association mène notamment des projets environnementaux et sociaux en partenariat avec des organisations locales. En France, elle intervient dans des quartiers prioritaires auprès de jeunes en difficulté sociale ou scolaire, en lien avec les établissements scolaires, les éducateurs spécialisés et les familles, afin de prévenir le décrochage scolaire et de favoriser l’engagement citoyen d’après Laetitia Craig.
– Les défis rencontrés
Les organisations de solidarité internationale sont confrontées à de nombreux défis. Les difficultés de financement, la coordination des acteurs et l’adaptation aux crises figurent parmi les principaux obstacles. « Le financement reste le nerf de la guerre, aussi bien à l’international qu’en France », souligne Laetitia Craig, évoquant un contexte de restrictions budgétaires et de crises économiques.
En France, bien que l’APD ait augmenté au fil du temps, les ressources restent trop limitées pour satisfaire des besoins en constante augmentation, surtout dans une période marquée par des crises sanitaires, sociales et environnementales. En 2022, environ 20 % de l’aide publique française ont été prévus à des projets climatiques pour aider les pays en développement dans leur lutte contre le changement climatique, selon le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Les crises économiques, sanitaires ou climatiques peuvent affecter le bon avancement des projets. La pandémie de COVID‑19 et les tensions économiques ont réduit temporairement certaines APD en 2023–2024, ce qui a des répercussions sur la planification et la durabilité des initiatives de solidarité internationale d’après l’OCDE.
– La solidarité, une valeur universelle
La solidarité humaine se définit dans une approche fondée sur la coopération locale et internationale, et l’accompagnement des populations et des communautés à long terme. La Journée internationale de la solidarité humaine souligne non seulement l’importance des différentes manières dont la solidarité internationale peut s’exprimer à travers les politiques publiques et les initiatives communautaires, mais également l’insuffisance des ressources humaines et financières pour continuer le travail qui reste à accomplir.
Les progrès vers les objectifs globaux, de l’élimination de la pauvreté (ODD1), à l’accès à l’éducation de qualité (ODD 4) en passant par la réduction des inégalités (ODD 10), restent sensibles, ce qui marque l’importance d’efforts solidaires concertés à l’échelle mondiale selon le rapport sur le développement humain du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Dans ce contexte, la solidarité internationale se distingue par la mobilisation de financements, de savoir-faire et de partenariats durables.
L’APD à l’échelle mondiale a atteint 212,1 milliards de dollars en 2024, selon l’OCDE, après une baisse de 7,1 % par rapport à 2023 l’année précédente. Cette diminution met en évidence les pressions budgétaires affectées à de nombreux pays donateurs font face, bien qu’il existe des besoins continue en matière de développement durable et d’atténuation des inégalités.
En ce qui concerne les politiques internationales, la solidarité est également intégrée dans les Objectifs de Développement Durable. L’objectif 17, qui cherche à « Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement et le revitaliser », souligne clairement l’importance de la coopération internationale comme condition pour réaliser des avancées durables et inclusives d’ici 2030.
