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En tant qu’expert de la Sécurité sociale, je lis ce discours alarmiste avec une certaine lassitude. On agite le spectre du « gouffre » pour mieux éviter la seule question qui vaille : qui a organisé, depuis 20 ans, l’asphyxie programmée de notre système ? Les mêmes qui découvrent aujourd’hui un Parlement « revêche » ont construit eux-mêmes un édifice budgétaire illisible, truffé de tuyauteries, de sous-ONDAM, d’exonérations non compensées et de défausse systématique sur l’Assurance maladie.
Le déficit n’est pas une fatalité démographique, c’est un choix politique : laisser exploser les dépenses fiscales, subventionner sans contrôle des rentes privées, tout en transformant la Sécu en variable d’ajustement comptable. Et l’on ose ensuite expliquer aux Français qu’« il n’y a plus de marges » ?
Ce qui met la Sécurité sociale en danger, ce n’est ni le Parlement, ni les assurés : ce sont des années de pilotage à vue, de renoncements et de contournements du paritarisme. Avant de donner des leçons de responsabilité, ces anciens ministres feraient bien de répondre à une autre question : qu’ont-ils réellement fait, lorsqu’ils étaient aux commandes, pour sauver ce modèle plutôt que l’épuiser ? Les chiffres, eux, ont bonne mémoire.

